Florence MAUREL

Mon histoire d’amour avec les chevaux

A la suite d’un burn-out et d’une dépression je me suis retrouvée au fond

du trou. Même mon atelier de céramique me semblait insipide et la seule

petite étincelle qui s’allumait encore au fond de ce long tunnel sombre

était la rencontre quotidienne que je faisais en allant me promener dans

les chemins autour de chez moi. Cette rencontre, c’était celle des chevaux.

A 59 ans j’ai eu soudain l’intuition que c’étaient eux qui me sauveraient.

J’ai commencé alors à prendre des cours d’équitation et faire des balades

à cheval dans différentes régions de France. Je me suis passionnée pour

l’éthologie et j’ai suivi des stages d’équitation éthologique. J’ai acheté

mon premier poney shetland, puis très vite un cheval, un trotteur, avec

lequel je partais en balade… j’aimais le rythme balancé de son pas, la

chaleur et l’odeur de musc de son dos, ses doux petits yeux cachés

derrière le noir toupet. Mon poney shetland, alezan crins lavés, complice

de mes chagrins, me comblait de bonheur lui aussi. En parallèle, j’ai

retrouvé la paix de mon atelier et je me suis mise à sculpter des chevaux,

avec hargne et persévérance. Comme j’aime avant tout le raku et les aléas

des cuissons qui le caractérisent, j’ai pratiqué les enfumages de mes

pièces dans des végétaux comme le veut cette technique. Puis j’ai eu l’idée d’utiliser les crins de mes chevaux pour réaliser cette finition fine et

marbrée sur les surfaces polies : le horse-hair.

Le cheval m’a donné beaucoup, je lui devais bien un hommage éternel.

Aujourd’hui j’ai deux poneys shetlands très fournis en crins et toutes mes

pièces en horse-hair sont enfumées avec leurs crins.

Pour cette exposition j’ai aussi jonglé avec d’autres techniques pour les

finitions de mes chevaux : de la terre du rif, de l’émail raku, des terres

sigillées et des enfumages à la farine ( technique obvara).